L'enquête ethnographique : observer, décrire et comprendre // Mise en image de collectages. Sur l’approche ethnographique de Marie Preston dans le projet « Le Pommier et le Douglas ». Présenté par Mauricio Hernández, doctorant en linguistique anthropologique et sociolinguistique au LIAS/EHESS. // Lundi 3 mars 2014, EHESS
Brigadoon // Exposition collective à la Tôlerie à Clermont-Ferrand. Du 13 septembre au 7 décembre 2013 // Vernissage le 12 septembre 2013. Commissariat : Céline Poulin // Avec Marie Bette, Alicia Frankovich, Alexis Guillier, David Malek, Alexej Meschtschanow, Aurélien Mole, Mélodie Mosset, Aude Pariset, Pierre Paulin, Walter Pfeiffer, Marie Preston, Tony Regazzoni, Sébastien Rémy, Soraya Rhofir, Rita Sobral Campos, Robert Stadler, Dereck Sullivan, Florian Sumi, Claudia Weiser.

"Paroles actives", Journée de réflexions autour des pratiques artistiques Hors les murs // Vendredi 27 septembre 2013 // Parc Saint-Léger - Centre d'art contemporain, Pougues-les-eaux

Le Pommier et le Douglas // Chez Treize à l'invitation du Commisariat, Paris, du 2 au 30 mars 2013. Vernissage le 1 mars 2013 à 18h30.
Cette exposition fait suite à une résidence Hors les murs au centre d'art du Parc Saint Léger.
Reproduction de deux autoportraits de William Angulo-Preston, autour de 1900.
© Marie Preston
L’histoire de Just, Polyptyque photographique. Frêne et photographie argentique, 243 x 50 cm, 2012
Réalisé par Marie Preston à partir de photographies de Monique Lucazeau et avec l’aide de Jean-Philippe Darini.

Collection du Cnap
Vue de l'exposition Le Pommier et le Douglas, du 1 au 30 Mars 2013, chez TREIZE, Paris.
Collection du Cnap
Forêt bleue, Photographie argentique et encadrement en douglas, 30 x 40 cm, 2012
Photographie anonyme réalisée dans le cadre de l’atelier FLE.
Collection du Cnap
Vue de l'exposition Le Pommier et le Douglas, du 1 au 30 Mars 2013, chez TREIZE, Paris.
Collection du Cnap
Vue de l'exposition Le Pommier et le Douglas, Maison du Patrimoine Oral, Anost.
Collection du Cnap
Highland Cattle, Dun-les-Places, 28 juin 2012, Photographie argentique, 74 x 54 cm, 2012
Collection du Cnap
Vue de l'exposition Le Pommier et le Douglas, du 1 au 30 Mars 2013, chez TREIZE, Paris.
Collection du Cnap
Planchez et la place du marché de Boston, Vidéo couleur, sonore, 8’59, 2012
Collection du Cnap
L’exposition de Marie Preston est à l’image du processus de production qui l’a construite : un voyage qui se module et se ramifie, un déplacement dans des réalités différentes, individuelles ou collectives, une histoire transmise de bouches à oreilles, une histoire de croisements de regards.

      Une oeuvre parfois peut naître d’un hasard, qui advint ici dès l’origine, car l’invitation faite à Marie Preston de venir travailler dans le Morvan était inconsciente de l’histoire de sa famille dans cette région. Et on peut le dire, cela tombait bien. En effet, comme elle le dit souvent, si Marie Preston travaille en collaboration pour co-créer des projets et des oeuvres, l’artiste ne va pas puiser chez l’autre simplement sa matière ou son inspiration. Elle amène quelque chose d’elle-même — un savoir-faire par exemple quand elle décide d’aller tricoter du wax avec les personnes de l’association des femmes maliennes à Montreuil ou une question quand elle propose à un groupe de volontaires de venir fouiller avec elle les archives du Jardin d’agronomie tropical dans le bois de Vincennes. En arrivant dans le Morvan en juin 2011, Marie Preston est venue avec son histoire, à la fois jeune artiste vivant à Paris et interrogeant le lien entre anthropologie et pratique artistique, mais aussi petite fille de William Angulo-Preston, américain excentrique venu épouser une morvandelle Geneviève Pignot sur les conseils d’un ami curé.

      Grâce à la Maison du Patrimoine Oral, et à une rencontre avec Caroline Darroux, Marie Preston a pu bénéficier d’une formation au collectage, forme d’interview pratiquée en ethnographie où il s’agit de « traiter l’homme ordinaire non plus comme un objet à observer, mais comme un informateur, et par définition, comme un informateur mieux informé que le sociologue qui l’interroge », selon les termes de Daniel Bertaux. Habitée par une démarche tout autant scientifique que personnelle, Marie Preston est donc allée à la rencontre de personnes ayant connu son arrière-grand-père et son arrière-grand-mère, habitée par une démarche tout autant scientifique que personnelle. Car la construction d’une légende familiale n’est pas l’objectif de Marie Preston, il s’agit plus généralement d’une démarche d’interrogation du territoire se centrant sur une histoire aussi commune qu’individuelle. Rencontrer des personnes vivant dans le Morvan pour produire ensemble une mémoire collective et intime de ce territoire afin de comprendre ce qu’on appelle la ruralité, la relation à l’altérité (le grand Autre : la femme, l’étranger, le progrès…), l’hybridité... tel était le chantier large et très ouvert auquel elle souhaitait s’atteler. S’atteler, du latin protelare, « conduire jusqu’à, faire parvenir », mais aussi « s’attacher, créer des liens ».

      Ainsi, grâce aux centres sociaux de Corbigny, Montsauche-les-Settons et Château-Chinon, Marie Preston est allée à la rencontre de Paul Camuzat, Laurence Coudereau, Keith et Linda Dale, Thérèse Fichot, Christine et Louis Goulois, Monique et Just Lucazeau, Madeleine Petitimbert et Régine Perruchot. Mêlant leurs savoir-faire et les récits de vie de chacun, ils ont réfléchi ensemble à l’histoire qu’ils avaient envie de raconter, seuls ou avec les autres et à la forme que cela allait prendre. Ainsi Régine Perruchot, l’initiatrice de l’atelier Patois à Montsauche, a-t-elle écrit une chanson que Marie Preston a brodée sur une robe. Les acteurs de l’atelier Partage ont raconté l’histoire de Soeur Monique qu’ils ont bien connue et dont un film présente la légende. Mme Fichot, rencontrée par l’intermédiaire du portage de repas du centre de Corbigny a quant à elle conté à Marie Preston son passé à la ferme et le futur de celle-ci avec son fils installé en bio qui accueille des vaches Highland Cattle. C’est d’ailleurs le poil de ces vaches qui relie les carrés de laine tricotés par Madeleine Petitimbert à la demande de Marie Preston. Également Just et Monique ont narré les retrouvailles avec les parents et les frères de Just, enfant de l’assistance, photos à l’appui, faisant vivre par la parole ce moment typique d’un Morvan marqué par les “nourrices”. Sans oublier Keith et Linda Dale, apprenant le français au centre social de Château-Chinon, qui ont mis en scène l’évolution de leur histoire entre Boston et Planchez. Et puis pour commencer par la fin, le premier objet de cette histoire, construit avec Caroline Darroux, autour de sa thèse sur les “vieilles femmes salies”, polyptyque photographique de la région et surtout de la maison d’Henriette, l’une de ces femmes rencontrées par Caroline.

      Ce qu’ont produit Marie Preston et ces personnes avec qui elle a travaillé, dépasse la question fondamentale de la juste distance, telle qu’elle se pose en anthropologie : l’anthropologue se demande quelle connaissance objective il peut amener sur un objet, un monde, dont il fait lui-même partie. Ici, ce qui nous est donné à voir et à écouter avec « Le Pommier et le Douglas », c’est un savoir du Morvan, réunissant le subjectif et l’objectif, s’incarnant dans une polyphonie d’images et d’objets, car comme aurait pu le dire Jacques Lacan : « le savoir vient de l’autre et la jouissance est du côté de la chose ».

Céline Poulin, commissaire de l’exposition et chargée de programmation Hors-les-murs au Parc Saint Léger.
Pour la réalisation de cette exposition des collaborations ont été méné avec Marion Campay, Laurence Coudereau, Keith et Linda Dale, Caroline Darroux, Thérèse Fichot, Christine et Louis Goulois, Just et Monique Lucazeau, Madeleine Petitimbert et Régine Perruchot.
Pour chaque vernissage auront lieu les performances : Vieille Femme salie de Caroline Darroux et Nout Patouais par Marion Campay et Régine Perruchot.
LES ÉVÉNEMENTS QUI ONT EU LIEU PENDANT LA RÉSIDENCE
Vue de l'installation de la sculpture avant la performance du 28 mars 2012 à la Maison Populaire de Montreuil.
© Marie Preston
Vue de la performance "Vieille Femme Salie" du 28 mars 2012 à la Maison Populaire de Montreuil.
© Marie Preston

 

Vieille Femme Salie
Performance, Caroline Darroux et Marie Preston

 

Invitée par Anna Colin, une première performance "Vieille Femme Salie" initiée par Caroline Darroux, ethnographe et porte-voix et à partir de son travail de recherche a eu lieu le 28 mars 2012 à la Maison Populaire de Montreuil dans le cadre de l'exposition "Plus ou moins sorcières 1/3 : Ambivalence d’une figure" du 18 janvier au 7 avril 2012. La recherche scientifique, comme l’art, est un engagement où se construit le désir d’une autre société. Suite à l’exploration des traditions orales dans le Morvan, une question est née : les vieilles insoumises des contes se reconnaîtraient-elles dans les voisines acariâtres et scandaleuses du bout du village ? Et si oui, que s’est-il passé, qu’est-ce qui les a salies ?

La performance tourne autour d’une sculpture fabriquée à partir de la thèse de Caroline Darroux et de la parole enregistrée et directe.
Petit bois, La Tuilerie, 24 octobre 2011
© Marie Preston

La greffe et le rejet,

Ethnographie et création collective en Bourgogne pour un désir de transmission

Colloque Anthropologie et art

 

Lors d'un colloque Anthropologie et art, le 23 mai 2012 à la Maison René Ginouvès (21 Allée de l’Université, Nanterre) aura lieu de 15h45-16h15 la communication de Caroline Darroux et Marie Preston.


> Informations concernant le colloque


Résumé de l'intervention : Caroline Darroux et Marie Preston - La greffe et le rejet, ethnographie et création collective en Bourgogne pour un désir de transmission.

 

 

Parle-t-on de cette soigneuse application de la main experte qui tente de préserver les fruits les plus savoureux et les plus fragiles par la rencontre inattendue des divers ? Ou parle-t-on de ces racines qui courent sous la terre et qui sortent sans prévenir pour exister bien loin de leurs sœurs mais intimement reliées à elles ? Où se trouve la scientificité du regard ? Où prévaut la création d’une œuvre ?

La question ne se pose plus à partir du moment où l’on cherche à penser ou à créer à plusieurs. Le collectif fait éclater le cloisonnement habituel des genres parce qu’il a besoin de tout ce qui est à sa portée pour comprendre, prendre la parole, et agir.

La recherche ethnographique tout comme la démarche de création artistique explore le terreau des hommes dans une même nécessité d’en acter l’existence, dans un même engagement à en cultiver les richesses. Le croisement de ces démarches permet de construire une posture épistémologique où le chercheur et l’artiste se donnent à voir aux autres, où l’expérience « fait » savoir et art. La recherche peut alors se partager grâce à des formes justes, que chacun peut évaluer, regarder, commenter et s’approprier. La création devient l’un des moteurs de l’acte ethnographique : passer de l’autre côté, ne plus se contenter d’observer mais agir ce que l’on réfléchit.

Caroline Darroux est ethnologue à la Maison du patrimoine oral en Bourgogne, elle y met en place des actes ethnographiques à partir de son travail de recherche. Marie Preston est artiste plasticienne en résidence Hors les murs au centre d’art du Parc Saint-Léger de Pougues-les-Eaux, elle y conduit un projet de création partagée avec les habitants du Morvan, fondé sur leur récit de vie. Toutes deux s’expriment au sens propre comme au figuré.

Maison du patrimoine oral, 3 septembre 2011.
© Marie Preston
Musiques de la langues à la Maison du Patrimoine Oral
Anost, 16 septembre 2012.

 

"Depuis un an, j’écoute le plus attentivement possible des histoires qui me sont contées dans le Morvan par des personnes que je ne connaissais pas, des histoires qu’ils choisissent et que je les aide à mettre en sons, en images, en mouvement, en volume. Parmi eux, il y a ceux qui peuvent me parler de cet américain qui épousa cette morvandelle, mon histoire familiale. Je tente de comprendre et de donner forme à un pays et une filiation faite de greffe et de rejet, de pommiers et de douglas. Invitée par le centre d’art du Parc Saint-Léger de Pougues-les-Eaux en résidence Hors les murs, je profiterai des Musiques de la langue pour présenter à la Maison du Patrimoine Oral, partenaire du projet, cette recherche en cours."

L'exposition Le Pommier et le Douglas a eu lieu :
À la Maison du Patrimoine Oral, à Anost, du 17 novembre au 16 décembre 2012
Vernissage le 17 novembre à 17h
À l'Abéïcité, Abbaye de Corbigny, du 12 janvier au 16 février 2012
Vernissage le 11 janvier à 18h30
Chez Treize à l'invitation du Commisariat, Paris, du 2 au 30 mars 2013
Vernissage le 1 mars 2013 à 18h30